Simon Pasquier

Bénévole

Être accompagnateur des Petites Fugues c'est vivre pour quelques heures / jours, un huis clos : une voiture, un auteur qu'on vous a attribué au hasard de votre agenda et moteur… action ! 

Mais avant même de démarrer, Les Petites Fugues c'est la découverte. La découverte d'un.e auteur.e, ça oui, mais aussi la découverte des charmes de la toponymie d'une région que l'on pensait connaître ("Faucogney-et-La-Mer", sérieusement ?). Par la suite ce sont aussi des heures sur les routes enneigées du Hauts-Doubs, des retours de nuit sous la pluie comtoise avec dans l'estomac le buffet de Marceline et sa tarte au Comté – dont on n’aurait pas dû accepter d'être resservi pour la troisième fois. Le tout en devant trouver des "starters" de discussion avec des auteur.e.s que l'on découvre étonnamment aussi intimidés que nous par cet exercice (note à l'attention des vocations futures : les spécialités culinaires de la région – dont la tarte de Marceline – sont en cela de fidèles alliées). Être accompagnateur des Petites Fugues c'est enfin l'impression d'un lien d'amitié indéfectible avec l'auteur.e avec qui vous avez partagé durant ces longues heures l'habitacle d'une voiture de location. C'est avoir la certitude qu'entre vous c'est dorénavant à la vie à la mort, et s'apercevoir pourtant, au détour du rayon nouveauté de sa librairie préférée quelques années plus tard, que l'on n'a jamais repris contact. Mais ce sont là encore Les Petites Fugues qui nous poussent vers ce nouveau livre, tant pour le plaisir de la lecture que pour faire remonter le souvenir de ce temps hors du temps où, d'établissement scolaire en bibliothèque, l'auteur.e avait semblé – dans une humilité souvent déroutante –  découvrir par les questions du public l'étendue de son œuvre.

Quel est votre meilleur souvenir du festival ?

Le souvenir de la lecture de Jean-Daniel Dupuy aux Salines royales d'Arc-et-Senans, debout dans la nuit, sous la douche lumineuse projetée depuis l'œil de bœuf de la maison du maître. Il sortait d'une vieille ronéotype que l'on avait ressuscité pour l'occasion des feuillets de son dernier ouvrage : Le Magasin de curiosités, un texte fragile et sensible. L'accueil et l'écoute que lui avaient réservé l'équipe de la librairie des Salines et le public avaient créé une communion troublante, tous assemblés autour des cliquetis de cette langue qui semblait écrite pour ce lieu, c'était un voyage au-delà de l’espace et du temps, un superbe instant suspendu.