À l’origine des romans de Maylis de Kerangal, il y a toujours ce désir très physique, presque matériel d’aller explorer des espaces et de partir à l’écoute de voix intimes, de leurs musiques intérieures. Dans Canoës (Verticales, 2021), elle sonde à nouveau la voix, ce qu’elle dit de nous, comment elle évolue, nous trahit ou devient parfois une archive de notre vie.
Pour cette carte blanche, Maylis de Kerangal a souhaité convier Corinna Gepner (Traduire ou perdre pied, La Contre Allée, 2019) et Christophe Claro (La Maison indigène, Actes Sud, 2020), tous deux auteurs et traducteurs. Ce qui les rapproche, c’est une exigence et une passion de la langue et de la syntaxe.
Comment fait-on entendre la voix d’un autre ? Quels sont les mécanismes qui interviennent lorsqu’il s’agit de faire migrer les lexiques d’une langue dans l’autre ? Dans Traduire ou perdre pied, Corinna Gepner, livre son cheminement poétique et lucide vers la traduction. Claro quant à lui, avec La Maison indigène, interroge les fondations de l’écriture, en portant un regard sur la maison que son grand-père architecte avait construite, à Alger. Et c’est au cœur de ce bel écrin qu’est la Saline royale d’Arc-et-Senans, lieu de l’architecture et des utopies, que ces écrivains exploreront la « fabrique de l’écriture », inspirés et peut-être même habités par ce lieu du patrimoine.